Historique de la formation de soins ambulanciers en Suisse romande et de l’évolution de ES ASUR

Le métier d’ambulancier est un métier récent en Suisse romande. Son développement est passé par différentes phases de mutations, les évolutions métier et formation étant intimement liées. Les états actuels du métier et de la formation qui lui correspond, résultent des développements amorcés depuis l’année 2000.

Les limbes

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les prémices d’une organisation des secours préhospitaliers font leur apparition dans le canton de Vaud. En 1955, la section vaudoise du TCS interpelle le Conseil d'État vaudois au sujet du nombre important d’accidents graves sur les routes et relève de graves dysfonctionnements dans la chaîne des secours, ne permettant pas une prise en charge adéquate de ces accidentés de la route.

Le Conseil d’État mandate alors le commandant de la Gendarmerie vaudoise pour effectuer une étude sur le système de secours en cas d’accidents. En 1958, le Grand Conseil adopte un décret finançant la mise en place de « centres officiels de premiers secours en cas d’accident ». Dès cette année, le canton de Vaud sera le premier canton de Suisse à organiser et mettre en place un réseau officiel d’ambulances. Depuis ce jalon, l’activité des secours et des soins préhospitaliers ne va cesser d’évoluer et de se professionnaliser à une vitesse fulgurante.

Ces années ont vu naître une profession qui jusque-là n’était qu’un métier que l’on apprenait par immersion, et pour lequel la formation était comparable à une formation de secouriste crédité, dans le meilleur des cas, de quelques centaines d’heures.

Les premiers efforts de structuration

La formation et les institutions qui ont précédé ES ASUR ont accompagné les mues qui ont suivi. En voici quelques étapes :

  • Dès 1983, le Centre Fernand Martignoni (CFM) a entrepris la formation des ambulanciers, jusque-là assurée par le Service de l’hygiène (aujourd’hui service de la santé publique) du canton de Vaud, à raison de deux cours de base de 80 heures par année, la presque totalité des ambulanciers romands entre 1983 et 1990 a suivi cette formation.
  • Dès 1988, l’inter-association de sauvetage (IAS) a posé les bases d’une formation professionnelle et supervisé sa certification. Cette formation IAS a été offerte dans l’ensemble de la Suisse jusqu’en 2000. Parallèlement, les cantons ont commencé à réglementer les activités professionnelles en matière de sauvetage, et à rendre obligatoire une formation professionnelle reconnue pour exercer le métier d’ambulancier. La profession est apparue dans les lois sanitaires cantonales comme profession de la santé.
  • En 1994, le Centre d’enseignement des soins d’urgence (CESU) à Lausanne a débuté une formation professionnelle d’Ambulancier-ière, reconnue par l’IAS, effectuée à hauteur de 1000 h de cours réparties sur 3 ans.  
  • Cette formation CESU s’est poursuivie, par la formation de Technicien-ne ambulancier-ère, débutée en 2000, 1800h en une année de formation, sur un mandat de la CLASS (conférence latine des affaires sanitaires et sociales). Dès cette date, en plus de son activité de base, le CESU a opéré de nombreux mandats de formation continue pour le compte de différents mandataires institutionnels, et a mis en place des cours de premiers secours tous publics.

La montée en puissance, première époque :  l’égide de la Croix-Rouge Suisse

Parallèlement aux étapes mentionnées ci-dessus, en 1994, l’IAS a proposé à la CDS (Conférence des directeurs cantonaux des affaires sanitaires) de revoir le concept de formation et de donner le mandat à la Croix-Rouge suisse (CRS), pour édicter des prescriptions de formation et ainsi assurer la reconnaissance des formations d’ambulancier. Ces prescriptions ont été publiées en 1998 et ont ainsi placé la profession dans le monde de la santé, ainsi qu’à un niveau de formation tertiaire identique à celui d’autres professions de santé proches.

  • Dès 1998, des écoles ont mis sur pied des programmes conformes aux prescriptions de la CRS, 4900 h de formation en trois ans, en École Supérieure, pour l’obtention du titre protégé d’Ambulancier ES. Le canton du Tessin est le premier à avoir ouvert une telle école et, en Suisse romande, le CEPSPE à Genève (Centre d’enseignement de professions de la Santé et de la Petite Enfance) a débuté en 1999 le nouveau curriculum de formation.
  • Cette filière de formation a débuté à l’École de Soins ambulanciers de Bois-Cerf à Lausanne en 2002. Une association à but non lucratif sert alors de support à l’école, le financement de la formation étant assuré par subventionnement du canton de Vaud (et autres cantons romands au travers d’accords inter-cantonaux).
  • En 2006 les deux entités CESU et École de soins ambulanciers Bois-Cerf fusionnent. Elles collaboraient déjà largement, et les deux filières de formation sont réunies sous le même toit. L’institution prend le nom d’École Bois-Cerf CESU. 

Dans les mêmes temps, un mouvement est initié dès 2006 pour restructurer le cadre de formation de plusieurs professions de santé. Celles-ci passent alors progressivement du giron de la CRS à celui de l’OFFT (Office fédéral de la formation et de la technologie, actuellement SEFRI, Secrétariat d’État à la formation la recherche et l’innovation), de qui relevaient déjà les autres formations professionnelles.

L’égide de l’Office Fédéral de la Formation et de la Technologie (aujourd’hui SEFRI)

Un plan d’étude cadre Ambulancier diplômé ES est adopté par l’OFFT en 2007. La filière de formation ambulancière Bois-Cerf CESU débute son programme de reconnaissance en 2008, pour obtenir la reconnaissance finale en 2012. Dès lors les diplômés portent le titre d’Ambulanciers-ières diplômés-ées ES, dans une filière où la formation s’effectue sur le format mentionné du plan d’étude cadre, 5400 heures réparties sur trois ans.

Un Brevet fédéral de technicien-ne ambulancier-ière est mis en place par l’Ortra du sauvetage (Forum – Formation professionnelle du sauvetage, FFPDS) en 2007. En fonction de l’extension progressive de ces sessions d’examens professionnels, la certification romande de technicien ambulancier perd de son intérêt, elle s’éteindra en juillet 2019.

2012 est une année de changements importants pour l’école d’ambulanciers lausannoise :

  • Changement de nom, la dénomination Ecole supérieure d’ambulancier et soins d’urgence romande (ES ASUR) est adoptée ;
  • Changement d’implantation, déménagement dans les locaux actuellement occupés sur la commune du Mont-sur-Lausanne.
  • Le développement des activités de formation continue et des cours de premier secours se poursuit. Le développement des formations continues s’étend par l’importation de modules internationaux en 2012 développés par l’Advanced Life Support Group (ALSG) à Manchester (GB).

Le développement des filières récentes

En 2014 est lancée une filière structurée pour la préparation à l’examen professionnel du Brevet fédéral de technicien-ne ambulancier-ière. Cette filière obtient la reconnaissance du SEFRI en tant que filière de préparation en 2015.

En 2015 est lancée une filière pilote post-graduée pour la formation d’expert régulateur en centrales d’alarme sanitaire d’urgence (CASU). Cette filière a été construite en collaboration avec les CASU Vaud et Genève, ainsi qu’avec le soutien du Canton de Vaud.

Le programme est entré en reconnaissance en 2017, la reconnaissance finale est délivrée par le SEFRI en 2019. Les diplômés portent le titre d’Expert-e en régulation d’urgence diplômé-e EPD ES.

En 2019 est lancée une filière de préparation à l’Examen professionnel supérieur (EPS) de Cadre des organisations de secours (COS). La filière de préparation est montée conjointement avec les OrTra FFPDS et OrTra sapeurs-pompiers. Elle obtient la reconnaissance du SEFRI en tant que filière de préparation en 2020.

  • Changement de nom, la dénomination Ecole supérieure d’ambulancier et soins d’urgence romande (ES ASUR) est adoptée ;
  • Changement d’implantation, déménagement dans les locaux actuellement occupés sur la commune du Mont-sur-Lausanne.
  • Le développement des activités de formation continue et des cours de premier secours se poursuit. Le développement des formations continues s’étend par l’importation de modules internationaux en 2012 développés par l’Advanced Life Support Group (ALSG) à Manchester (GB).

Dès 2021

L’activité en formation professionnelle supérieure (filière ambulancière) s’effectue sous la dénomination ES ASUR.

Au premier janvier 2021, toutes les autres activités, formations continues, filières post-graduées, filières de préparation à des examens professionnels, ou activités de prestations de service sont regroupées sous la dénomination ASUR Formation.

Dans les deux cas ci-dessus l’activité reste une forme d’activité à but non lucratif dont le support demeure l’association ES ASUR.

 ES ASUR participe à deux programmes de recherche :

  • Le premier vise à explorer les futures caractéristiques à développer dans la formation des ambulanciers, au vu de l’évolution démographique de la population et de ses besoins de santé. Il s’effectue en collaboration avec HES de la santé La Source.
  • Le second vise à explorer l’état socio-sanitaire des ambulanciers vaudois, et l’élaboration d’un dispositif de prévention / promotion de leur santé. Il s’effectue avec la collaboration de la HE-ARC.

En septembre 2021, un nouveau programme de formation modulaire est mis en place pour la filière Ambulancier-ère diplômé-e ES. Un nouveau plan d'étude cadre est adopté par Forum formation profesionnelle du sauvetage le 31 octobre 2022. Une procédure de vérification de la filière par le SEFRI est lancé en août 2023

Et plus encore

Pour tous ceux et celles qui s’intéressent à l’histoire du développement du secteur préhospitalier, nous vous recommandons deux lectures :

  • L’ouvrage collectif réalisé par un groupe d’acteurs historiques du préhospitalier : groupe de rédaction, Vittoz G., Besençon R., Costantini Y.-A., Randin, j.-P., Refondini S. (+), Reignier P. (2016). De l’épopée du brancardage aux soins préhospitaliers, de 1950 à 2015.  Éditeur : Fondation Urgences Santé. Lausanne.
  • Un article pour lequel l’un de nos enseignants est co-rédacteur : Fournier, S, Meyer, M. (2016). « Ramasser c’est bien … soigner c’est mieux » : éléments pour une histoire du métier d’ambulancier en Suisse romande (1955–1964). ». Revue suisse d’histoire. Vol. 66, 2016, N° 2.  Éditeur : Schwabe verlag. Bâle 

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les prémices d’une organisation des secours préhospitaliers font leur apparition dans le canton de Vaud. En 1955, la section vaudoise du TCS interpelle le Conseil d'État vaudois au sujet du nombre important d’accidents graves sur les routes et relève de graves dysfonctionnements dans la chaîne des secours, ne permettant pas une prise en charge adéquate de ces accidentés de la route.

Le Conseil d’État mandate alors le commandant de la Gendarmerie vaudoise pour effectuer une étude sur le système de secours en cas d’accidents. En 1958, le Grand Conseil adopte un décret finançant la mise en place de « centres officiels de premiers secours en cas d’accident ». Dès cette année, le canton de Vaud sera le premier canton de Suisse à organiser et mettre en place un réseau officiel d’ambulances. Depuis ce jalon, l’activité des secours et des soins préhospitaliers ne va cesser d’évoluer et de se professionnaliser à une vitesse fulgurante.

Ces années ont vu naître une profession qui jusque-là n’était qu’un métier que l’on apprenait par immersion, et pour lequel la formation était comparable à une formation de secouriste crédité, dans le meilleur des cas, de quelques centaines d’heures.